Carnet 4 : Blog de Marie-Nadine Prager

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 Une centaine de Juifs européens favorables à la solution « Deux peuples, deux Etats », membres de JCall, se sont rendus en Israël et en Cisjordanie du 27 avril au 5 mai 2013 pour envisager sur le terrain les différents aspects de la réalité israélo-palestinienne. Ils sont allés à la rencontre de responsables politiques et de citoyens engagés dans ce conflit et à la recherche de solutions pour y remédier. Pour tous, ce fut des moments intenses de confrontation avec la réalité (Sdérot, Hébron) et avec les acteurs de cette réalité (israéliens, palestiniens, musulmans et chrétiens arabes d’Israël). Plusieurs d’entre eux ont tenu un carnet de bord, rédigés des articles, pris des photos et des vidéos, tracés des croquis… Nous vous présentons quelques extraits de ces travaux inspirés par l’urgence et la complexité des questions posées.

Pour ce quatrième “Carnet”, nous vous présentons quelques extraits du blog tenu par Marie-Nadine PRAGER. Ce blog est actuellement consultable sur l’édition française du “Huffington Post” (Cliquez pour vous connecter à son blog).

 

… “Regarder et entendre l’autre, sans être dupe de sa propagande, mais sans cynisme non plus, c’est un défi dans ce conflit, où s’affrontent deux mémoires pleines de souffrances, qui racontent de façon divergente ce siècle de coexistence. C’est avec ce projet que l’organisation JCall (1) a amené une centaine d’Européens, essentiellement Juifs de la diaspora mais pas seulement, qui ont à cœur de faire avancer le processus de paix. Pour une fois, nous avons vu ceux que la plupart des Israéliens ne voient jamais, ceux que la vie prospère, moderne, confortable de Tel-Aviv rend totalement invisibles : les Arabes israéliens, les habitants de Cisjordanie, palestiniens et juifs, les représentants politiques de l’Autorité palestinienne à Ramallah, et les quelques-uns qui ont fait de la paix avec leurs voisins arabes une utopie concrète.

JCall, à la suite de son “Appel à la raison”, a un objectif : faire avancer le processus de résolution du conflit, avec une option claire, deux peuples, deux Etats. La seule option qui en l’état actuel des choses préserve l’avenir du projet sioniste d’un Etat juif et démocratique. Il est délicat pour un Juif de la diaspora de parler du conflit. Soit tentés par une extrême prudence liée au fait que nous ne partageons pas la vie quotidienne et le destin de ceux qui vivent là-bas, soit enflammés par les succès d’un pays accueillant où nous avons pour beaucoup amis, cousins, enfants parfois, les Juifs de la diaspora tendent au soutien politique sans nuances, ou pire, à camper sur des positions outrancières face à des interlocuteurs qui parfois heurtent par leur incompréhension du destin juif.

Mais ce voyage m’a convaincue que la mobilisation claire et massive de la diaspora est légitime et souhaitable. Légitime, car il est nécessaire de soutenir la diversité des voix israéliennes et les nombreux militants de la paix souvent peu entendus dans leur propre pays, comme Hagit Ofran, responsable de l’observatoire des colonies de Shalom Arshav (2); souhaitable car le statu quo est une tentation grande pour la population israélienne, qui y trouve aujourd’hui son équilibre, dans une sidération politique collective qui empêche toute vision d’avenir.

Or il y a urgence, car la fenêtre d’opportunité pour la solution qui est la seule envisageable jusqu’ici se referme lentement, après les vingt années de timides avancées et de violents reculs qui ont suivi les accords d’Oslo de septembre 1993. Au-delà de la relative apathie des Américains et de l’instabilité politique actuelle du monde arabe, ce qui contribue à refermer la porte est le poids croissant des colons israéliens en Cisjordanie et à Jérusalem Est, plus de 500 000 personnes aujourd’hui, dans des implantations chaque année plus nombreuses qui contribuent à “miter” les territoires qui doivent être séparés. Les colons, parfois surarmés, ont acquis ces toutes dernières années un poids politique considérable, leur représentant Naftali Bennett étant l’un des piliers de la coalition gouvernementale actuellement menée par Benyamin Netanyahu. Ceci, alors qu’un éditorial du journal Haaretz du 15 avril 2013 dénonce la création d’implantations comme une “entreprise antisioniste” …

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